dimanche 18 septembre 2016

Quand la nuit devient jour ("L'enfer, c'est d'avoir perdu l'espoir" - Joseph Cronin)

"Sachez que je vous ai aimé, et que depuis vous, la nuit est devenue jour."


Présentation de l’Éditeur : On m’a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j’ai trop mangé, de l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà. La dépression.
Ma faiblesse.
Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n’est en mesure de m’aider. Dieu, la science, la médecine, même l’amour des miens a échoué. Ils m’ont perdue. Sans doute depuis le début.
J’ai vingt-neuf ans, je m’appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois.
Le 6 avril 2016.
Par euthanasie volontaire assistée.

Auteur : Sophie Jomain est une auteure française dont j'ai déjà lu trois tomes de la saga Les étoiles de Noss Head (que j'ai aimé, mais qui s'est essoufflée au fil des tomes donc j'ai décidé de m'arrêter au tome 3 qui me semblait être la fin d'un cycle.)

Genre : Contemporaine

Le livre commence ainsi :

"J’ai toujours été rebutée par l’idée de me contempler dans un miroir. La petite fille aux longs cheveux blonds, timide, réservée et nerveuse qui m’observait fixement était une étrangère que je n’acceptais pas. Je ne la comprenais pas. Elle m’effrayait même. Je l’ai donc évitée le plus longtemps possible."


Mon avis : 

J'ai lu ce roman sans vraiment savoir dans quoi je mettais les pieds. Il est très bien placé dans le top 100 de Livraddict, et cela me permet de découvrir des histoires vers lesquelles je n'aurai pas forcément été de prime abord. Quand la nuit devient jour fait parti de ces belles surprises que j'aurai regretté de ne pas avoir lu !
Cette histoire est celle de Camille, et son histoire est vraiment très, très, très triste. Elle nous parle de son enfance, son adolescence, son arrivée à l'âge adulte. Elle explique très bien dans quel état d'esprit elle était, et dans lequel elle restera. Camille ne s'aime pas, ne s'accepte pas, souffre dans son corps, mais surtout dans son âme.

"Le problème, c'était moi, mon enveloppe charnelle et tout le mal que j'en pensais. Tous les encouragements du monde n'auraient pas suffi à me faire changer d'avis. Alors, j'ai continué à grandir avec ce malaise, cette dépréciation, cette obsession."

Elle ne sait d'ailleurs pas vraiment d'où vient le problème. On sait qu'elle est tantôt trop maigre, tantôt trop forte. Elle est victime de moqueries, d'hommes qui lui brisent le coeur et lui donnent encore moins envie d'aimer son corps, de s'aimer elle.
Certaines personnes vivent ce genre de drame et en ressortent plus fortes, ou s'en sortent tout simplement. 
Pour Camille, c'est un lent et long processus de descente aux enfers.
Elle passe par la boulimie, l'anorexie, la scarification,...
Camille est malheureuse, ses parents essayent de l'aider du mieux qu'ils peuvent, mais ils ne savent pas de quel mal elle souffre réellement. D'ailleurs, je ne crois pas que Camille le sache elle-même. Elle est dépressive, elle ne s'aime pas, elle ne voit aucun but à sa vie. Sa vie n'est que souffrance.

"Je n'en pouvais plus de me battre contre quelque chose que je savais impossible à vaincre."

Camille se rend compte petit à petit, après avoir consulté bon nombre de spécialistes, qu'elle ne guérira jamais. Son état empire, son état psychique ET corporel.

"Il ne s'agit pas d'apprendre à être heureuse, mais d'accepter que je ne le serai jamais."

Certaines personnes pensent que les dépressifs ne souffrent pas réellement, car tout est dans leur tête. Mais le fait qu'ils n'aillent pas bien psychologiquement, ne veut pas dire que leur souffrance n'est pas réelle. Le psychique peut être effrayant et nous faire bien plus de mal que n'importe quelle autre maladie "visible".

"Les maladies incurables sont généralement visibles à la longue, mais la mienne est sournoise. Elle se cache et donne l'illusion de ne pas exister. Elle est pourtant bien là, chaque jour, chaque nuit. Elle court dans mes veines comme un poison et insuffle à mes poumons un air irrespirable."

Camille décide alors un jour de se suicider. Elle fait plusieurs tentatives qui échouent. Ses parents pensent au début que ce sont des accidents, mais ils finissent bien par se rendre compte de l'état d'esprit de leur fille, qui a décidé que sa vie ne valait pas d'être vécue.

"Je ne sais plus s'il faut vivre pour mourir ou mourir pour vivre."

Dans le livre Avant toi de Jojo Moyes, Lou essaye par tous les moyens d'aider Will, un jeune tétraplégique qui souhaite mettre fin à ses jours grâce à une aide médicalisée.


Quand la nuit devient jour est un livre dans cette veine, sauf qu'à mes yeux, il montre bien plus la souffrance psychique d'une personne qui veut en finir, et tout ce qu'il y a à côté. 
Si je devais faire un choix entre ces deux livres pour parler du suicide médicalement assisté, je prendrais Quand la nuit devient jour.

Ces deux livres sont malgré tout très différents pour moi, car j'arrive un peu à comprendre le désir de Will d'en finir. Il ne peut plus rien faire tout seul, il est en souffrance constante, et sa vie ne lui appartient plus.
Pour Camille, je suis bien plus perplexe.
Certes, je la comprends, j'entends sa souffrance, j'entends sa fatigue et son envie d'en finir. Je le conçois. Mais quand j'ai lu ce livre et les divers symptômes de Camille, j'ai voulu hurler de rage, parce que pour moi, Camille a besoin d'aide. Camille a besoin qu'on lui fasse reprendre goût à la vie. Camille a besoin qu'on la comprenne, et surtout, Camille a besoin d'amour. S'ôter la vie serait un affront à toutes ces personnes qui sont parties trop tôt alors qu'elles n'avaient pas le choix.
Oui Camille souffre, oui je la plains, oui elle a des raison valables d'être malheureuse. Mais tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir ! 
Et je suis d'autant plus en colère qu'une commission accepte de donner son accord pour que des médecins aident Camille à se donner la mort. Je ne juge pas Camille ni ces médecins, je suis juste dans l'incapacité d'être de leur côté.

D'ailleurs, je comprends totalement la réaction violente de ses parents, et notamment celle de sa mère ! Comment peut-on supporter qu'un être qu'on aime, son enfant, veuille se donner la mort ?

"D'aussi loin que remontent mes souvenirs, mon père a toujours su conserver son calme en toute circonstance, rien ne semble jamais l'affliger. Mais ce soir, son apparente maîtrise n'est qu'un leurre. Il est bien plus affecté qu'il en a l'air. Et moi... je redoute de lui faire face, d'affronter ces larmes qui n'atteignent pas les yeux."

Donc j'ai adoré ce livre, mais pendant toute ma lecture j'avais envie de secouer Camille, de la prendre avec moi, et de lui montrer que malgré tous ses malheurs, la vie vaut d'être vécue, même dans la souffrance ! Même dans la fatigue psychologique. Même si sa vie est un combat, la vie est un don trop précieux pour le gâcher.
Et d'ailleurs, une certaine rencontre au cours du livre va me donner raison.
Camille va rencontrer un des médecins en charge de l'aider pour son suicide assisté, et qui va de son côté lui confier que sa plus grand crainte est celle de mourir. 
Je ne connais pas l'avis de l'auteure sur ce sujet, mais je pense qu'elle a voulu interpeller ses lecteurs sur le suicide assisté, sur la dépression, sur la souffrance psychique. Elle a réussit à me faire sortir de mes gonds et à me passionner du début jusqu'à la fin !
Fin, d'ailleurs, qui est insupportable.

Ce livre est très triste, et déprimant, bien plus qu'Avant toi
Quand la nuit devient jour a aussi eu un impact positif sur moi. La dépression, la tristesse, la colère, je connais. Et c'est même mon lot quotidien. Mais je me suis rendue compte en finissant ce bouquin que la vie recèle aussi de nombreuses joies, qui en valent la peine. Des joies passées, présentes et futures.
On a beau souffrir le martyr, parfois, oui parfois, la vie nous réserve de belles surprises. Et j'attends la prochaine avec impatience.

Citations :

"Alourdi par la mésestime de soi, l'humain ralentit. Les doutes le font stagner. La peur, reculer."

"Oui, j'ai obtenu et goûté à tout ce qu'une petite fille pouvait rêver d'avoir, mais je ne ressentais pas la moelle de la vie, je ne possédais pas l'essentiel : la raison d'être."


Note :
18/20
Il va me falloir 15 ans de psychanalyse pour me remettre de cette lecture. L'auteure a sans doute écrit ce livre pour que ses lecteurs réfléchissent, sur un sujet qui déjà de base demande une grande réflexion. Je ne sais pas qui a raison ou qui a tord. Tout ce que je sais c'est que ce livre m'a conforté dans mon idée que "Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir". Ma vision est sans doute un peu simpliste, mais c'est la mienne !



4 commentaires:

  1. Et bah, il ne t'a pas laissé indifférente ! ^^ Ca fait un moment que j'ai envie de le lire ce livre. Sauf qu'à mon avis, je serai plus du côté de Camille que toi. ^^

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    1. Ouî, ce livre m'a vraiment remué, et je pense que c'était le but donc bravo à l'auteure. Je pense que c'est un sujet tres complexe et qu'il n'y a pas de bons ou de mauvais avis !

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  2. Oooh tellement chou la nouvelle présentation de ton blog! J'aime beaucoup :)
    Très bel article aussi, j'ai beaucoup aimé la fin sur les choses positives que tu as retiré de cette lecture, je crois que tu n'en avais pas trop parlé au club. :)

    Des bisettes!

    Joyce de l'Enlivrée

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    1. Tu es trop gentille ma belle <3 mais ce n'est pas encore terminé, même si c'est cette atmosphère dont j'ai envie ^^ (c'est printanier alors qu'on arrive bientôt en automne, tout va bien Caro mdr).
      Si j'ai parlé des points positifs au club mais j'ai tellement été interrompue durant ma présentation que ça ne m'étonne pas que tu ai pas tout capté Ahahah (au moins, ça veut dire que j'ai créé des débats, c'est deja pas mal !!)
      Gros bisous !!

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