lundi 2 juillet 2012

Mort d'un clone

L'Auteur : Pierre Bordage est un auteur français qui a déjà reçu de nombreux prix littéraires
Le Roman : Editions Au Diable Vauvert ; 2012 ; 320 pages
Genre : Contemporaine


Présentation de l’Éditeur : Nous sommes à la fin du siècle dernier, un chroniqueur distancié nous raconte la vie de Martial Bonneteau, un petit employé à la quarantaine aigrie, mal mariée à une femme épaisse et acariâtre qu’il n’a jamais pu satisfaire sexuellement, père de deux fils aussi tristes que lui et d’une fille qui se cherche ; Martial est un médiocre qui enfouit dans la routine et le mépris de soi les frustrations d’une existence de clone parmi les clones.Et puis un matin, de micro-événements en micro-événements, un regard dans le métro, un retard au bureau, Martial Bonneteau va légèrement diverger de son chemin quotidien bien tracé, et c’est tout son univers normé qui commence à se lézarder…
Soudain livré à un confus désir de vivre, notre anti-héros va connaître bien des mésaventures : d’abord généreusement initié au sexe et au plaisir par une prostituée de la rue St-Denis, il va abattre un par un les murs qui emprisonnait sa vie : retour au foyer, réaction des proches et des collègues, scènes de ménages, hystérie familiale, coaching psychologique… Les scènes d’anthologie se succèdent sur un rythme de comédie ou de théâtre de boulevard, et on rit beaucoup.
On rit surtout du portrait au vitriol, presque cynique, que brosse Bordage de nos aliénations ordinaires.
Jusqu’à la disparition du clone, où, après l’ironie et l’humour noir, on retrouve l’écrivain qui nous parle mieux que tout autre d’humanité.


Mon avis :


Dés le départ, on découvre une écriture cynique, ironique, parfois très froide et à la limite de la méchanceté.
Ce livre dépeint un mode vie, une "clonesque" supercherie qui m'a toujours fait peur et dont je m'éloigne inexorablement même si moi aussi, parfois, j'aimerai enfin rentrer dans le moule du métro / boulot / dodo.
La description des époux Bonneteau n'est vraiment pas flatteuse et je dirais même plus, peu ragoûtante. Martial, le personne principal, a une vie cauchemardesque à mes yeux. Il a pourtant une famille, une situation, mais il n'est absolument pas heureux... C'est même totalement le contraire. Je préfère rester seule plutôt que devenir comme lui, souffrir en silence et regretter sans oser se l'avouer...
L'auteur dépeint avec drôlerie certains détails parfois insignifiants de notre vie de tous les jours, il donne des définitions très personnelles qui m'ont faites sourire.J'ai parfois trouvé quelques longueurs dans le récit ainsi que des passages un peu trop denses qui m'ont presque donnés mal à la tête. J'avais tout de même parfois une impression de profusion de mots inconnus à mon vocabulaire. On aurait presque dit qu'ils étaient là exprès pour épater la galerie... Du genre "J'ai de la culture et je le montre bien." Je ne suis pas très fan de ce genre de choses, mais bon, c'est un avis personnel...
On a droit à quelques coups de théâtre qui m'ont bien plu.
Autre aspect très présent dans ce livre : Le sexe. L'auteur en parle souvent, parfois même dans des termes vraiment rebutants.
J'ai été très émue à pas mal de passages de ce livre, notamment lorsque ce père ouvre enfin les yeux sur sa fille. Ils comprennent tous deux qu'ils s'aiment et ils en sont fiers. En règle général, le personnage de Martial m'a beaucoup touché car je sentais son envie de se sortir la tête hors de l'eau, de quitter tout ce système : De trouver enfin son propre bonheur en clair.
J'avoue par contre n'avoir pas trop adhéré aux passages dans la forêt, quand Martial se purge de sa vie passée, j'imagine. Il retrouve les vraies valeurs de la vie, il retourne à la source. Ces passages sont beaux mais trop nombreux à mon goût.
La touche d'un genre Fantastique à la fin du livre m'a un peu déstabilisée par contre.

Mon ressenti sur certains passages (spoilers) :


- A la fin, Martial devient une sorte de magnétiseur et cela me fait sourire car je suis du genre à ne croire que ce que je vois. Mais j'en ai rencontré un, un jour, qui m'a fait beaucoup de bien. Et depuis je conçois que certaines choses ne sont pas explicables.


Citations :


"Cheveux frisottés blondasses :
a) tentatives obstinées de ressembler à une pouffiasse étalée sur un magazine féminin ;
b) succession d'escroqueries du coiffeur"


"Il n'avait rien comprit à la règle du Je."


"Il s'en allait à la mort sans avoir commencé à vivre."


"ASSEDIC : pompe d'Etat, chargé de redistribuer le sang des travailleurs sucé par leurs vampires familiers. Etant donné qu'il est plus facile d'aspirer que de recracher, les ASSEDIC s'ingénient à tendre de multiples pièges administratifs sous les pas de ces bons à rien de mendiants d'ayant droit."


"Bouledogue : drôle d'animal à plis que, faute de références, certains zoologues imaginatifs ou fatigués ont fini par classer dans la famille des chiens de compagnie."


Note :

7/10

Une satire sur notre société, cette "clonesque" supercherie. L'auteur nous explique avec un style cynique, parfois drôle, que le bonheur n'est pas forcément dans ces règles pré-établies de la vie qu'on nous force à adopter : Travail, mariage, enfants.






Lu dans le cadre d'un Service Presse avec Les éditions Au Diable Vauvert que je remercie

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